Maltraitance animale : 16 moutons saisis à Court-Saint-Etienne

8 mars 2021

 

Les associations Animaux en Péril, Le Rêve d’Aby, Au Bonheur Animal et Les Poilus du Blé sont intervenues le vendredi 5 mars pour porter secours à 16 moutons abandonnés à leur triste sort dans une commune de la province du Brabant Wallon, Court-Saint-Etienne.

 

Une plainte a conduit le refuge Le Rêve d’Aby à donner immédiatement l’alerte aux autorités.

La saisie du cheptel a été imposée à la propriétaire à la suite d’un contrôle ayant permis de mettre en lumière des conditions de vie désastreuses pour les ovins.

 

Un troupeau séquestré

 

Les associations venues de Gembloux, Meslin l’Evêque, Wavre et Bernissart sont arrivées sur les lieux en début d’après-midi et ont, une fois de plus, été confrontées à une situation de négligence extrême.

Le constat est édifiant, 16 moutons sont séquestrés et abandonnés dans deux remises attenantes à une maison du centre de Court-Saint-Etienne. Les ovins sont emprisonnés dans l’obscurité, sans possibilité de s’abreuver ni de s’alimenter. Le constat est tout aussi accablant en ce qui concerne les conditions d’hygiène. Le troupeau n’a pas d’autre choix que de patauger dans un fumier humide et nauséabond, il n’a accès à aucune zone sèche et propre.

 

Des moutons à bout de force

 

Les soigneurs professionnels et les bénévoles des refuges ont agi très rapidement pour secourir les animaux qui étaient manifestement au bord de l’épuisement. La preuve en est qu’aucun d’entre eux ne s’est débattu lors du chargement dans les vans des différents sanctuaires venus leur porter secours.

Deux moutons du troupeau, dans un état de faiblesse extrême, n’ont pas eu la force de se lever et ont dû être portés par les équipes d’intervention. Pour l’un d’entre eux, la situation était encore bien plus précaire, car il était le seul à être détenu à l’extérieur. Sur base des informations obtenues, celui-ci était incapable de se mettre debout depuis une dizaine de jours. Pour ce dernier, nul doute que l’intervention lui a épargné une mort précoce puisqu’il croupissait au fond du terrain.

Les brebis et les béliers se trouvent dans un état de maigreur qui relève de la cachexie (il s’agit d’une forme de maigreur qui implique, en plus de la fonte des graisses, la fonte des muscles). Le manque de soin a conduit les parasites internes à se développer, engendrant pour l’ensemble des individus des diarrhées.

La toison des animaux est également en piteux état, attaquée par des formes sévères de parasites, dont la gale au point que certains moutons en ont perdu une partie de leur laine.

 

La solidarité entre refuges plus que jamais essentielle

 

À l’appel des autorités, l’association le Rêve d’Aby a pu compter sur Animaux en Péril, Au Bonheur Animal et Les Poilus du Blé pour lui prêter main-forte lors de cette saisie. Les 16 moutons ont ainsi pu être pris en charge par les différents sanctuaires qui n’ont pas hésité à pousser les murs pour accueillir ces rescapés.

 

« Ce début d’année est très intense pour les refuges de Wallonie spécialisés dans l’accueil des animaux de ferme. Les saisies sont nombreuses et concernent souvent des dizaines d’individus. Il est crucial de pouvoir compter sur l’ensemble des associations pour continuer de sauver des animaux maltraités et leur offrir une seconde chance » ajoute Sophie Locatelli, Vice-Présidente d’Animaux en Péril.

 

Les moutons, en état d’hypothermie à leur arrivée au sein des refuges des associations, profitent maintenant de bergeries dignes de ce nom. Ils seront entièrement tondus pour être débarrassés de leur laine envahie de parasites et leurs onglons seront entretenus pour leur permettre de retrouver un aplomb correct.

 

Une propriétaire dépassée par la situation

 

La propriétaire, déjà sous surveillance de l’AFSCA (Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire) pour non-respect des règles sanitaires, ne semble pas se rendre compte de l’état lamentable de son troupeau.

Elle n’a pas hésité à interpeller les équipes d’intervention à de nombreuses reprises pour tenter d’expliquer son incompréhension. Selon elle, le cheptel était « encore en bon état » la veille de la saisie. Dans le déni, elle déclare que la confiscation n’a pas lieu d’être, car ceux-ci ne sont en aucun cas maltraités.

 

Condamnation et destination finale

 

En ce qui concerne la destination finale des animaux, l’autorité a maintenant deux mois pour confirmer que les animaux seront confiés aux refuges qui les ont pris en charge, Animaux en Péril, Le Rêve d’Aby, Au bonheur Animal et Les Poilus du Blé.

 

Un procès-verbal a été dressé pour infraction au Code wallon du Bien-être animal. La propriétaire pourra être poursuivie au pénal ou administrativement. Si le Parquet décide de prendre la main dans cette affaire, il pourra renvoyer la propriétaire devant le tribunal correctionnel. Celle-ci risque de 8 jours à 3 ans de prison et/ou une amende pouvant s’élever à 1 million d’euros. Si le Parquet ne poursuit pas, la main reviendra alors au fonctionnaire sanctionnateur qui pourra infliger une amende pouvant aller jusqu’à 100.000 euros, mais également un retrait de permis de détention d’animaux.