Sollicitée par les autorités en milieu de matinée ce vendredi 7 mai, Animaux en Péril est intervenue pour prendre en charge 2 bovins lourdement négligés dans l’entité de Frasnes-lez-Anvaing.
La police était en nombre ce matin dans cette ferme aux allures de dépotoir, le propriétaire des lieux étant connu des autorités pour être très violent.
Arrivée sur place, l’équipe des soigneurs professionnels du refuge est atterrée : au bout du terrain, après avoir traversé une véritable décharge à ciel ouvert, ils aperçoivent le lieu de vie des bovins. Il s’agit d’un hangar en tôle dont le sol a disparu depuis longtemps sous les déjections.
L’entrée est bloquée par deux barrières en métal solidement attachées au reste du bâtiment par des cordes, mais surtout immobilisées par une montagne de paille pourrie qui s’enchevêtre dans les barreaux.
Couper les cordes n’a donc pas été suffisant pour dégager la seule entrée du bâtiment. Le tas de paille et de crasse était tellement compact qu’il a fallu utiliser un tracteur pour dégager les barrières et avoir une chance de faire sortir les animaux.
Cette difficulté à accéder à l’endroit témoigne de manière évidente que les bovins n’étaient plus sortis du bâtiment depuis très longtemps et que le propriétaire n’avait pas l’intention de les en retirer de si tôt.
Une fois à l’intérieur, l’équipe est frappée d’horreur. Sur les deux tiers de la surface du bâtiment, c’est la fange qui règne. Les bovins, une vache et un taureau, s’y enfoncent d’ailleurs jusqu’au ventre et peinent à se déplacer.
Mais le pire est dans le troisième tiers. Ce qu’ils imaginent d’abord comme étant çà et là des tas de paille sale et pourrie se révèlent être en fait des cadavres de bovins en décomposition. Plus loin, ce sont des os et un crâne qui sont là, par terre, nettoyés par des organismes charognards.
Malgré que le van d’Animaux en Péril a été placé au plus près de l’entrée du bâtiment, le chemin entre les bovins et la remorque était semé d’embuches : il a d’abord fallu aplatir autant que possible l’agrégat de ballots compacts et pourris bloquant l’entrée. Plus loin dans le bâtiment, c’est non seulement la crasse dans laquelle on s’enfonce très profondément qui complique l’évacuation, mais aussi tout un tas d’objets métalliques contondants (barrières d’autoroute, paillasses cassées, grilles pliées, etc) qui menacent de blesser bêtes et gens.
Après maintes ruses et précautions, les animaux finissent par être embarqués, sous bonne escorte de la police qui doit maintenir le propriétaire des lieux à distance pour laisser sortir le van d’Animaux en Péril.
Sur place, des équidés et une trentaine de chiens attendaient, eux, les autres associations qui les prenaient en charge ensuite.
Comme on peut s’en douter, les deux bovins ne respirent pas la santé. Leurs pattes sont recouvertes jusqu’au ventre de déjections qui ont gravement irrité la peau. Ils souffrent tous les deux d’une infestation de poux et de gale. Chez le taureau, c’est même toute la toison qui tombe par morceaux, ravagée par les parasites qui lui rongent la peau.
Les deux animaux devront être complètement tondus, lavés et traités contre les parasites. L’environnement propre et idéal du refuge permettra de venir à bout de ces graves négligences, notamment en permettant aux deux animaux, sans doute pour la première fois de leur vie, d’évoluer dans des prairies à l’air libre.
Animaux en Péril tient à remercier les autorités et les policiers sur place qui ont même donné de leur personne pour aider à l’embarquement des animaux, et protégé les soigneurs professionnels de la violence du propriétaire maltraitant.
En ce qui concerne la destination finale des animaux, la décision sera rendue dans maximum 2 mois, même si on ne les imagine pas retourner dans l’enfer duquel ils ont été extirpés.
Le propriétaire pourra être poursuivi au pénal ou administrativement. Si le Parquet décide de prendre la main dans cette affaire, il pourra renvoyer le propriétaire devant le tribunal correctionnel. Celui-ci risque de 8 jours à 3 ans de prison et/ou une amende pouvant s’élever à 1 million d’euros. Si le Parquet ne poursuit pas, la main reviendra alors au fonctionnaire sanctionnateur qui pourra infliger une amende pouvant aller jusqu’à 100.000 euros, mais également un retrait de permis de détention d’animaux.