Ce lundi 16 août en début de matinée, Animaux en Péril est intervenue pour secourir un cheval et un poney d’une situation de négligence extrême dans la commune de Cuesmes.
La découverte de l’état préoccupant des animaux, abandonnés à leur propre sort sur un terrain marécageux, a conduit l’UBEA (Unité de Bien-Être Animal) de la région Wallonne à ordonner la saisie des deux hongres.
Le ton est donné en arrivant sur le lieu de détention des équidés; l’équipe d’Animaux en Péril se retrouve encerclée de ronces. Accompagnées des inspecteurs vétérinaires de l’administration, les soigneuses professionnelles parcourent le terrain grâce aux tracés réalisés par le passage répétitif des chevaux. En dehors de ces chemins rudimentaires, le sol n’est qu’un mélange de boue et de déjections.
La végétation a repris ses droits sur la parcelle; les orties, chardons et autres plantes vivaces ne laissent aucune place à une quelconque source de nourriture. Elles envahissent également les crinières et les toupets des deux équidés. Une preuve flagrante du désintérêt de la propriétaire pour les animaux présents sur ce terrain laissé à l’abandon.
Les intervenants remarquent également l’absence d’eau potable sur place. Les chevaux ne peuvent étancher leur soif qu’en tentant de s’abreuver dans une bassine où s’amoncellent divers restes de pains, de légumes et fruits putrides.
Physiquement affaiblis par les privations du minimum vital, les deux hongres souffrent aussi de multiples maux qui démontrent une fois de plus le désengagement de la propriétaire envers ses animaux. Le poney présente des signes de maigreur inquiétants et le cheval demi-trait, que nous avons nommé Gallagher, n’a pu compter que sur ses réserves pour garder un embonpoint correct.
L’état catastrophique des pieds des animaux est le stigmate qui stupéfie le plus l’équipe de l’association : « La maltraitance est remarquable aux pieds des équidés, ils ont tous les deux les pieds fendus, le maréchal-ferrant n’est pas intervenu depuis au moins une bonne année. Ce mépris pour les soins des sabots occasionne de graves douleurs et peut par la suite causer des blessures irréversibles », insiste Sophie Locatelli, vice-présidente d’Animaux en Péril.
Le désintérêt pour la santé de ses animaux a conduit la propriétaire à également délaisser les soins qui devaient être apportés aux yeux des équidés. Le cheval et le poney souffrent en effet d’uvéites, infections fréquentes chez le cheval, qui peuvent être soignées si les soins sont apportés dans des délais raisonnables, ce qui n’est manifestement pas le cas dans cette situation.
Handicapés et souffrants, ces animaux ont donc été menés à bord du van de l’association avec la plus grande prudence. Une opération délicate et périlleuse pour ces chevaux qui vivent un véritable calvaire en réalisant le moindre pas.
Une fois à Meslin l’Evêque, au refuge de l’association Animaux en Péril, les équidés ont été installés dans deux boxes confortables, où ils ont pu enfin se ruer sur la nourriture et s’abreuver d'eau fraîche à leur guise.
La visite du vétérinaire de l’association ne s’est pas fait attendre vu l’urgence de la situation, et ce afin d’établir un rapport circonstancié pour les deux chevaux âgés de 25 ans. Ce dernier fait malheureusement état d’une inflammation de l’uvée pour les deux rescapés et confirme que Gallagher terminera rapidement aveugle par absence de traitements des uvéites.
Le pronostic vital est beaucoup plus engagé chez le poney qui présente des signes de souffrances permanentes, visibles à la contraction de ses muscles et de son dos. Cette douleur extrême est due à la très grave négligence au niveau de l’entretien et du parage des pieds, ce qui a entraîné des dommages importants à la troisième phalange située à l’intérieur du sabot. Ce traumatisme provoque une incapacité à se déplacer sans souffrance. Immédiatement traité à l’aide d’antidouleurs, celui que nous avons nommé Whitaker bénéficiera d’une surveillance de chaque instant par l’équipe du refuge.
Le maréchal-ferrant interviendra également dans les plus brefs délais afin de redonner un aplomb correct aux chevaux et ainsi soulager l’appui douloureux des sabots. Les soins seront donc très importants et de toute évidence la revalidation sera très longue, en espérant pouvoir être optimistes en ce qui concerne Whitaker.
En outre, en matière d’identification et d’enregistrement, seul le poney est identifié, mais aucun des deux équidés n’est enregistré conformément à la législation.
En ce qui concerne la destination finale des animaux, la décision revient à la ministre Céline Tellier qui a deux mois pour confirmer que les animaux seront confiés à l’association Animaux en Péril qui les a pris en charge.
L’UBEA a dressé un procès-verbal pour infraction au Code Wallon du Bien-être animal. La propriétaire pourra être poursuivie au pénal ou administrativement. Si le Parquet décide de prendre la main dans cette affaire, il pourra renvoyer la propriétaire devant le tribunal correctionnel. Celle-ci risque de 8 jours à 3 ans de prison et/ou une amende pouvant s’élever à 1 million d’euros. Si le Parquet ne poursuit pas, la main reviendra alors au fonctionnaire sanctionnateur qui pourra infliger une amende pouvant aller jusqu’à 100.000 euros, mais également un retrait de permis de détention d’animaux.