20 août 2024
Ce mardi 20 août, la police locale d’Uccle inspecte une prairie où sont détenus une ânesse, un cheval et trois poneys, suite à l’alerte d’une vétérinaire appelée par le voisinage. La propriétaire des lieux est en vacances depuis début juillet et refuse de soigner ses animaux pourtant en grande difficulté. L’inspection ne laisse aucune place au doute et la décision de saisie est prise par les autorités qui sollicitent alors Animaux en Péril, Le Rêve d’Aby, Help Animals et Veeweyde Refuge du Marais pour prendre en charge les équidés.
Sous forme de « ferme pédagogique », le lieu accueillait, en échange d'une compensation financière, des enfants de tous âges. Les poneys, l’ânesse et le cheval étaient régulièrement montés et promenés et faisaient l’objet « d’ateliers » qui se voulaient « éducatifs ».
Derrière cette façade se trouve une propriétaire qui refuse de débourser le moindre centime pour le bien-être des animaux hébergés, malgré les sollicitations du voisinage bénévole. Les équidés doivent notamment se contenter d’un box sans litière et non entretenu. En plein hiver, les abris sont impraticables en raison d’une épaisse couche de boue et d’excréments qui englue les animaux.
Les bassines d’eau ont été enterrées au fil des mois par l’humidité et la terre, les cinq équidés n’ont qu’une bassine de quelques litres d’eau à se partager au moment de la saisie. Bassine d’eau remplie par le voisinage.
Depuis son lieu de vacances, la propriétaire a reçu de nombreuses sollicitations du voisinage concernant l’état de santé des équidés. Manque de nourriture, blessures, traitements à mettre en place… Tous les appels ont été ignorés. Dépassés par la situation, les bénévoles ont contacté une vétérinaire à leurs frais pour venir en aide aux animaux.
Sur place, la vétérinaire constate plusieurs manquements qui nuisent gravement au bien-être des équidés. Les pieds ne sont pas parés et causent de graves souffrances aux poneys qui se déplacent avec difficulté. La corpulence des poneys et du cheval semble au bord de la maigreur alors que l’ânesse est en situation d’obésité, ce qui lui cause un lourd handicap à la locomotion.
Plus grave encore, un poney est certainement atteint du syndrome de Cushing et ne reçoit aucun traitement. Cowboy, poney âgé de 20 ans, souffre en effet d’un dérèglement hormonal qui dégrade peu à peu ses cellules nerveuses. Les symptômes de cette affection sont notamment des anomalies au niveau des poils (anormalement longs et bouclés), une transpiration excessive (ce qui nécessite une tonte), des douleurs dans les déplacements (apparition de fourbure), infections de la peau, amaigrissement, baisse de l’immunité. L’importance de cette maladie ne doit pas être négligée, car son issue peut être fatale.
Au moment de l’intervention, les soigneurs des associations sont également frappés par l’état catastrophique des jambes de l’ânesse ! Dégoulinantes de sang et de pus, les jambes de l’animal semblent brûlées. Elles sont en fait recouvertes de croûtes et de vers, causés par des piqûres de mouches non soignées. L’ânesse aura énormément de mal à rejoindre le van du refuge venu la prendre en charge.
L’accumulation de faits de négligence a transformé la situation en véritable supplice pour les équidés présents sur place. Incapables de se déplacer sans souffrir, assoiffés, contraints de se coucher dans un box souillé, il était urgent de les évacuer.
Le petit groupe a été divisé entre quatre refuges spécialisés dans la prise en charge d’équidés maltraités : Animaux en Péril, Le Rêve d’Aby, Help Animals et Veeweyde Refuge du Marais. Après avoir bloqué la circulation du boulevard, les agents de police ont aidé les membres des associations et les animaux à rejoindre les véhicules restés en dehors du terrain.
Les équidés ont rapidement eu droit à une visite vétérinaire plus que nécessaire. Les manquements s’accumulent : les animaux ne sont pas vermifugés et souffrent d’une violente diarrhée, leur robe est infestée de poux et leurs dents sont en très mauvais état ! Ce qui explique, entre autres, la perte de poids chez les poneys et le cheval.
En ce qui concerne la destination finale des animaux, la décision revient au Bourgmestre d’Uccle qui a deux mois pour confirmer que les animaux seront confiés aux refuges qui les ont pris en charge.
La police a dressé un procès-verbal pour infraction au Code Wallon du Bien-être animal en raison d’actes de maltraitance manifestes. La propriétaire pourra être poursuivie au pénal ou administrativement. Si le Parquet décide de prendre la main dans cette affaire, il pourra renvoyer la propriétaire devant le tribunal correctionnel. Celle-ci risque de 8 jours à 3 ans de prison et/ou une amende pouvant s’élever à 1 million d’euros. Si le Parquet ne poursuit pas, la main reviendra alors au fonctionnaire sanctionnateur qui pourra infliger une amende pouvant aller jusqu’à 100.000 euros, mais également un retrait de permis de détention d’animaux.