Quatre-vingts animaux sortis d’une maison insalubre à Éghezée

11 juin 2024

Le mardi 11 juin, Animaux en Péril et plusieurs associations partenaires se sont rendus à Éghezée après une décision de saisie ordonnée par l’Unité Bien-Être animal de Wallonie.


Avant la mise en vente de la maison, personne ne se doutait qu’une centaine d’animaux vivait dans une habitation devenue insalubre en raison de l’accumulation de chiens, chats, lapins, cobayes, poules, cochons et autres reptiles. La situation était devenue dangereuse pour les animaux, certains y ont laissé la vie et d’autres sont retrouvés agonisants. 


Une concentration déraisonnable d’animaux 


À l’appel des autorités, Animaux en Péril s’est mise en route depuis le refuge de Meslin l’Évêque avec à bord de son véhicule plusieurs dizaines de cages de transport. En effet, la description de la situation par les agents vétérinaires de l’UBEA fait état de dizaines d’animaux à prendre en charge. 


Une fois réunies sur place, les associations réalisent une première visite de la maison dans l’optique de vérifier le nombre d’espèces détenues par le couple de propriétaires. 


De nombreux lapins sont maintenus dans des cages, posées les unes sur les autres dans la pièce de vie. Certains d’entre eux sont laissés en liberté et se faufilent entre les montagnes de déchets abandonnés au sol. 8 chiens, dont des chiots, pataugent dans leurs excréments étalés sur le carrelage de la maison. 4 chats, une mère et ses chatons sont retrouvés terrorisés dans une pièce reculée de l’habitation. 


Les pièces sont visitées les unes après les autres et les animaux sont ainsi découverts. 19 poules et un coq sont enfermés dans un débarras à l’extérieur de la maison, 5 cobayes, 6 hamsters et 2 perruches sont également détenus dans des cages non entretenues. Parmi les vivants, des cadavres sont également laissés à même le sol ou dans la cage d’autres animaux : lapins, cobayes, pogonas et lézards. Plusieurs aquariums à l’eau glacée sont abandonnés dans le garage, des cadavres y sont aussi retrouvés. 


Des animaux forcés de vivre dans leurs excréments


Si le sol de la maison est recouvert de déchets et de déjections, les cages des animaux le sont aussi. Lapins, cobayes et hamsters vivent tous sur une épaisse couche de fumier, dans une atmosphère nauséabonde. Une lapine est retrouvée derrière un meuble aux côtés de sa portée de lapereaux, mis au monde quelques heures plus tôt. Certains sont déjà décédés, les autres devront être euthanasiés en raison de leur mauvais état de santé. 


Trois jeunes cochons vietnamiens sont eux détenus dans un poulailler totalement fermé, dans le noir, et sur une couche de matière fécale. L’abri est cadenassé et électrifié, les cochons n’en sortaient jamais et ils sont d’ailleurs terrorisés à la vue de la lumière du jour.


Un état de santé préoccupant


La majorité des animaux présente un état de faiblesse inquiétant, ils sont totalement déshydratés. La preuve en est qu’une fois arrivés dans les différents refuges, les lapins se rueront sur les gamelles d’eau mises à disposition par les soigneurs. 


La mauvaise alimentation qu’ils ont reçue entraîne également plusieurs pathologies : maigreur extrême (un lapin bélier anglais devra être perfusé en raison de son état cachectique), anémie, perte d’équilibre et diarrhée. 


Pour tous les animaux, un protocole de déparasitage est mis en place. Tous sont remplis de poux et de vers, ils n’ont probablement jamais reçu de soins. Les poules et lapins qui vivaient ensemble  sont également victimes d’infections oculaires et de nombreuses plaies purulentes. 

Dans les refuges pour vivre une nouvelle vie


Tous des animaux ont été pris en charge par une coalition de refuge dont fait partie Animaux en Péril. Grâce à ce travail d’équipe, les rescapés ont dormi au propre et au sec pour la première fois depuis bien longtemps. 


Ils sont dorénavant sous la garde des soigneurs professionnels et bénévoles des associations pour recevoir un protocole de soins complet. Les animaux pourront être présentés à l’adoption après les deux mois imposés par la procédure de saisie; la ministre Céline Tellier dispose en effet de ce délai pour confirmer que les animaux seront confiés aux ASBL. 


L’UBEA a dressé un procès-verbal pour infraction au Code Wallon du Bien-être animal. Les propriétaires pourront être poursuivis au pénal ou administrativement. Si le Parquet décide de prendre la main dans cette affaire, il pourra renvoyer les propriétaires devant le tribunal correctionnel. Ceux-ci risquent de 8 jours à 3 ans de prison et/ou une amende pouvant s’élever à 1 million d’euros. Si le Parquet ne poursuit pas, la main reviendra alors au fonctionnaire sanctionnateur qui pourra infliger une amende pouvant aller jusqu’à 100.000 euros, mais également un retrait de permis de détention d’animaux.