Des moutons, chèvres et animaux de basse-cour maltraités saisis à Ciney

22 juillet 2024

Des moutons, chèvres et animaux de basse-cour maltraités saisis à Ciney 


Ce lundi 22 juillet 2024, les ASBL Animaux en Péril, Le Rêve d’Aby et Equi’Chance sont intervenues avec les agents de l’inspection vétérinaire et la police pour saisir une cinquantaine d’animaux maltraités dans la région de Ciney. 


Livrés à eux-mêmes sans nourriture, les animaux étaient entassés dans des enclos insalubres aux côtés des cadavres de leurs congénères. 


Conditions de survie lamentables et ossements en guise de décoration


Sur base du constat accablant des forces de l’ordre descendues sur place, l’UBEAW (Unité Bien-être Animal de Wallonie) est alertée et ordonne de surcroît la saisie des animaux présents derrière une habitation de Ciney. Trois refuges de la FeFRACAF (Fédération Francophone des Refuges Agréés pour Chevaux et Animaux de Ferme) sont alors contactés pour emmener la cinquantaine d’animaux en sécurité.


Même si la majorité des animaux bénéficient d’un espace extérieur, aucune trace d’alimentation ne se trouve sur place. Le terrain est sec, les animaux n’ont plus aucun brin d’herbe pour se sustenter. Plusieurs cages, clapiers et poulaillers délabrés et recouverts de fientes témoignent de l’enfermement d’un plus grand nombre encore d’animaux de basse-cour. Ces derniers, introuvables, n’ont pas eu la chance de leurs congénères. En effet, le propriétaire en ferait le commerce. 


En parcourant l’endroit, les associations découvrent des ossements et des cadavres d’animaux fièrement disposés en guide de décoration : une tête de bélier et une tête de bouc posées sur un meuble de jardin et plusieurs corneilles décédées pendues aux grilles des enclos par les pattes. 


Un état sanitaire catastrophique pour tous


Dès les premières prises en charge, le constat des sauveteurs est accablant : tous les animaux sont infestés de parasites; les poux grouillent sur toutes les espèces et les fortes diarrhées attestent d’une infestation de vers. 


De toute évidence, les animaux sont affamés depuis longtemps : les poules sont faméliques et les agneaux et chevreaux sont apathiques, ils ne se déplacent quasiment pas et devront être portés jusqu’aux véhicules des refuges. L’absence d’eau dans plusieurs enclos a causé une forte déshydratation chez plusieurs individus. Ce dernier élément est probablement celui qui a été fatal pour certains martyrs; des ossements de chèvres et de poules ont été découverts à proximité des vivants.


La toison des moutons n’est pas entretenue alors qu’à cette période de l’année elle devrait être tondue depuis quelques semaines. Tout comme les chèvres, les moutons présentent également une violente toux, symptômes d’une pneumonie qui sera confirmée par les vétérinaires par la suite. 


Une convalescence sous haute surveillance


Les rescapés ont été répartis entre les refuges d’Animaux en Péril (Meslin l’Évêque), du Rêve d’Aby (Gembloux) et d’Equi’Chance (Philippeville) pour y recevoir les meilleurs soins. Les animaux de basse-cour ont tous reçu un traitement antiparasitaire complet : certaines poules sont presque à nu en raison de la colonisation de poux. Les chèvres et moutons doivent être traités par antibiotiques pour soigner leur pneumonie et les canards ont enfin pu découvrir le bonheur d’une bassine d’eau. 


L’équipe d’Animaux en Péril a également immédiatement conduit deux agneaux et un chevreau en clinique vétérinaire spécialisée. Les deux agneaux sont rongés par les larves de mouches attirées par la diarrhée et le chevreau présente un encombrement des voies respiratoires qui peut être fatal pour un si jeune animal. Ils ont reçu perfusions et transfusions sanguines dans la soirée, et restent hospitalisés dans l’espoir d’un bon rétablissement. 

Pour ceux qui sont logés dans les sanctuaires, les soigneurs professionnels et bénévoles mettent désormais tout en oeuvre pour assurer leur revalidation et leur offrir un cadre de vie conforme à leurs besoins physiologiques et éthologiques. 


Condamnation et destination finale 


En ce qui concerne la destination finale des animaux, la décision revient au nouveau ministre chargé du Bien-Être Animal Adrien Dolimont qui a deux mois pour confirmer, au vu de la gravité des faits, que les animaux seront confiés aux associations qu’ils ont rejointes. 


L’UBEA a dressé un procès-verbal pour infraction au Code Wallon du Bien-être animal. Le propriétaire pourra être poursuivi au pénal ou administrativement. Si le Parquet décide de prendre la main dans cette affaire, il pourra renvoyer le propriétaire devant le tribunal correctionnel. Celui-ci risque de 8 jours à 3 ans de prison et/ou une amende pouvant s’élever à 1 million d’euros. Si le Parquet ne poursuit pas, la main reviendra alors au fonctionnaire sanctionnateur qui pourra infliger une amende pouvant aller jusqu’à 100.000 euros, mais également un retrait de permis de détention d’animaux.