15 mars 2023
La décision de saisie prise par l’administration du Bien-Être animal de la Région flamande fait suite à plusieurs avertissements et procès-verbaux à l’encontre du propriétaire qui ne prend pas les mesures nécessaires afin d’assurer les besoins physiologiques et éthologiques de ses animaux. En outre, ces derniers s’échappent souvent sur la voie publique tout en se blessant au passage et mettant en danger les automobilistes qui empruntent une voie d’autoroute située à quelques centaines de mètres du terrain.
Le cheptel pris en charge est composé de chèvres, de moutons, d’un poney, d’un âne, d’une cinquantaine d’animaux de basse-cour et même d’un zébu.
À l’arrivée des différents véhicules d’intervention des associations, la tension monte d’un cran entre la police locale et le propriétaire, présent sur place. L’individu se montre très agité et irrité. Soudainement, pris d’un élan d’agressivité, l’homme se jette brutalement sur l’une des membres du personnel d’Animaux en Péril. La lâcheté de l’homme est telle qu’il attaque la personne d’apparence la plus vulnérable à savoir la plus âgée de l’équipe.
Françoise, 60 ans, est en effet prise à partie par l’individu qui lui assène un coup de poing dans le thorax, la secoue violemment et la plaque contre le pare choc d’un véhicule. L’agresseur essaye également de lui arracher son téléphone des mains. Très rapidement la police intervient et il ne faut pas moins de cinq agents pour maîtriser le propriétaire qui n’entend pas se laisser faire. Les agents n’ont pas d’autres choix que de le plaquer au sol pour lui passer les menottes et finalement l’embarquer.
Au retour de l’intervention, Françoise se rendra chez le médecin qui diagnostiquera un traumatisme nécessitant au minimum une interruption temporaire de travail d’une semaine. Une plainte sera évidemment déposée pour coups et blessures volontaires.
Une fois le propriétaire violent évacué du lieu de détention des animaux, les équipes des refuges Animaux en Péril, Help Animals, Le Rêve d’Aby, Au Bonheur Animal et Equi’Chance ont pu commencer la prise en charge. Au regard du nombre important d’individus et de l’étendue du terrain à couvrir, les bénévoles sont venus en nombre pour prêter main-forte aux soigneurs professionnels. Une aide nécessaire pour entourer et capturer les ovins et caprins qui tentaient de fuir sur la voie publique.
Dans l’habitation, les intervenants sont frappés par l’insalubrité des lieux. Chaque centimètre carré du logement est couvert de saleté et d’objets en tout genre; des déjections d’animaux couvrent le sol et l’air est irrespirable. Les poules et coqs déambulent dans ce chaos, tentant de survivre malgré leurs multiples blessures : amputations de patte, infections, problèmes respiratoires. Lors de l’intervention, deux poules agonisantes seront découvertes enfermées dans une cage à oiseau, l’une d’elles devra être euthanasiée le soir même.
Une fois tous les animaux de basse-cour attrapés et placés en sécurité dans les véhicules des associations, les soigneurs professionnels et bénévoles doivent maintenant charger l’âne, le poney et le zébu. Le poney semble emmuré dans une annexe de l’habitation, il est maintenu dans une pièce aux allures de tombeau. Les équipes constatent alors que la robe du poney est ravagée par les poux, au point qu’il souffre d’une grave dépilation sur une grande partie du corps. Libéré de son cachot, le petit équidé avancera difficilement jusqu’aux vans des associations en raison du mauvais état de ses pieds.
Pour l’âne et le zébu, laissés à l’abandon sur un vaste terrain, la capture ne sera pas de tout repos et cette dernière s’étendra sur plusieurs heures. L’état d’embonpoint des animaux est satisfaisant, mais ils sont totalement livrés à eux-mêmes et ne reçoivent aucun soins. De toute évidence, ces animaux sont désociabilisés par manque de contact avec l’Homme et leur approche s’avère particulièrement compliquée. Il faudra ruser pour capturer l’âne, qui sera évacué en premier. Celui-ci a de longs pieds et souffre également d’infestation de parasites internes et externes.
Le zébu est encore moins docile et se comporte même avec agressivité en tentant de charger les bénévoles qui l’approchent. Après de nombreuses tentatives infructueuses, les forces en présence concluent devoir requérir un vétérinaire équipé du matériel de fléchage hypodermique. Grâce à ce dernier et à son tir de précision, le zébu finira sa course totalement endormi.
Une nouvelle fois, cette collaboration entre des refuges de la FeFRACAF (Fédération Francophone des Refuges Agréés pour Chevaux et Animaux de Ferme) a été salvatrice. Les anciens martyrs profitent désormais de boxes chauds et douillets chez Animaux en Péril, Le Rêve d’Aby, Help Animals, Equi’Chance et Au Bonheur animal. Certains n’avaient plus connu un tel confort depuis longtemps, d’autres en jouissent pour la première fois de leur vie.
Les associations tiennent une fois encore à souligner l’excellent travail de l’administration du bien-être animal de la région flamande et de la police locale.
En ce qui concerne la destination finale des animaux, l’autorité flamande a maintenant 2 mois pour confirmer que les animaux seront confiés aux refuges qui les ont pris en charge.
Un procès-verbal a été dressé pour infraction au Bien-être animal et le propriétaire sera entendu par la police. Le collectif des refuges espère que des sanctions à la hauteur des négligences constatées ce jour seront établies.