21 janvier 2025
Lundi 20 janvier, en début d’après-midi, l’Unité du bien-être animal de la Région wallonne sollicite l’intervention urgente de quatre refuges : Animaux en Péril, Le Rêve d’Aby, Au Bonheur Animal et Veeweyde refuge du marais. Quinze moutons dépérissent dans une prairie isolée à Beauraing, en province de Namur. Cette opération de sauvetage se déroule dans un contexte glaçant, révélant une situation de maltraitance insupportable.
Les équipes des quatre refuges ont rapidement convergé vers un terrain reculé, loin de toute habitation. Cette immense prairie appartient à un éleveur qui, au mépris de toute dignité animale, y abandonne des moutons malades ou handicapés, les condamnant à une mort lente et douloureuse. Les animaux ne reçoivent aucun soins. Une fois morts, leurs cadavres sont livrés aux charognards ou sommairement recouverts de fumier.
Sur les lieux, les membres des refuges découvrent un charnier insoutenable : dix-sept cadavres d’ovins, dont des agneaux, jonchent le sol. La détresse des moutons encore vivants est palpable. Affamés, déshydratés et désespérés, ils se précipitent vers les intervenants dès l’apparition de seaux contenant un peu de grain. En s’avançant vers eux, les soigneurs professionnels et bénévoles remarquent que la majorité des moutons boite et peine à se déplacer tant ils sont faibles.
Le petit troupeau est contenu grâce à un enclos provisoire installé par les associations. Épuisés, les survivants suivent instinctivement les soigneurs tenant des seaux de nourriture et montent dans les véhicules de transport sans résistance.
Les conditions de vie des moutons sont indignes. Aucun point d’eau n’est présent dans la prairie, menant les animaux à lécher compulsivement la condensation sur les carrosseries des véhicules tant la soif les tiraille. Ils sont décharnés, leur maigreur témoigne de l’absence totale de nourriture suffisante et adaptée.
Les moutons souffrent également d’une forme sévère de gale. Cette maladie parasitaire leur provoque des lésions cutanées, détachant progressivement leur laine en lambeaux. La gale, hautement contagieuse, affaiblit considérablement les animaux, entraînant amaigrissement, abcès et infections pouvant leur être fatals. Sans intervention, ces moutons sont condamnés à une lente agonie.
Les quinze moutons sont pris en charge par les refuges Animaux en Péril, Le Rêve d’Aby, Au Bonheur Animal et Veeweyde refuge du marais, chacun accueillant une partie du troupeau. À leur arrivée dans les structures d’accueil, les animaux se ruent sur le foin et l’eau, rattrapant tant bien que mal des semaines de privations.
Ils sont tous auscultés par des vétérinaires spécialisés et reçoivent un traitement d’urgence contre la gale. Cette prise en charge implique une tonte complète pour assainir leur peau et faciliter leur rétablissement. Les moutons commencent enfin une nouvelle vie, loin de la négligence qui les a marqués à jamais.
En ce qui concerne la destination finale des animaux, la décision revient au ministre Adrien Dolimont qui a deux mois pour confirmer, au vu de la gravité des faits, que les animaux seront confiés aux associations qu’ils ont rejointes.
L’UBEA a dressé un procès-verbal pour infraction au Code Wallon du Bien-être animal. Le propriétaire pourra être poursuivi au pénal ou administrativement. Si le Parquet décide de prendre la main dans cette affaire, il pourra renvoyer le propriétaire devant le tribunal correctionnel. Celui-ci risque de 8 jours à 3 ans de prison et/ou une amende pouvant s’élever à 1 million d’euros. Si le Parquet ne poursuit pas, la main reviendra alors au fonctionnaire sanctionnateur qui pourra infliger une amende pouvant aller jusqu’à 100.000 euros, mais également un retrait de permis de détention d’animaux.