29 novembre 2022
Ce mardi 29 novembre, un appel de l’Unité Bien-Être Animal de la Région wallonne interrompt l’équipe d’Animaux en Péril dans son quotidien : un mulet, détenu sur une prairie à Beclers (Tournai), est dans un état de négligence critique et a besoin de soins d’extrême urgence.
En arrivant sur place, l’équipe d’Animaux en Péril a du mal à retenir son écoeurement. Abandonné depuis dix ans sur une prairie, caché à l’abri des regards, un mulet tente de se déplacer en vain. En approchant l’équidé, les soigneurs professionnels constatent l’état abject de ses jambes : le mulet se déplace avec des membres totalement luxés à plus de 90 degrés !
L’état catastrophique des pieds de l’animal et sa grande crainte de l’Homme conduisent les membres d’Animaux en Péril à établir un plan d’intervention avant de tenter une quelconque approche. En effet, les membres antérieurs du mulet sont en déséquilibre total, dû à une déformation extrême de l’articulation du boulet (bouleture). Le membre antérieur gauche, le plus atteint, impose à l’animal un appui sur l’extrémité du canon (partie de la jambe du cheval qui équivaut à notre avant-bras). En outre, la longueur démesurée des sabots grave la situation et fait état d’une absence d’entretien depuis des années. L’ensemble de ces éléments procure une souffrance quotidienne et permanente au mulet.
Pour Sophie Locatelli, vice-présidente d’Animaux en Péril, l’état du mulet est abominable : « C’est la première fois que j’interviens sur une saisie où l’état de l’animal est indescriptible, son supplice est inconcevable et il est comme ça depuis des années. C’est émotionnellement très dur à supporter. »
Au regard de l’état de l’animal et de la grande panique qu’il manifeste à l’approche des soigneurs d’Animaux en Péril, l’équipe redouble de vigilance et dresse tout d’abord un périmètre de sécurité pour conduire l’animal jusqu’au véhicule. De toute évidence, le mulet n’a jamais bénéficié d’attention ou de contact humain. Malgré ses gros problèmes de locomotion, le petit étalon est très effrayé à l’approche des intervenants et se révèle être agressif par absence de confiance en l’Homme.
Avec la plus grande patience, le mulet se laisse finalement guider, mais ce dernier, terrorisé et affaibli, peine à marcher et devra être soulevé pour finalement être placé dans le véhicule d'intervention de l’association.
À son arrivée chez Animaux en Péril, l’équidé d’une vingtaine d’années est immédiatement placé dans un box entièrement capitonné (sol et mur) dans l’unité de soins et de quarantaine du refuge de Meslin l’Evêque. Le vétérinaire de l’association, spécialisé en médecine équine, a été appelé d’urgence et réalise une première injection de tranquillisant dès la sortie du véhicule.
Le premier avis de ce dernier est très pessimiste et annonce un pronostic vital engagé. Sur base de radios réalisées sur place, le diagnostic n’est pas rassurant et pousse le vétérinaire à envisager l’euthanasie. Le simple fait de parer convenablement les pieds et croire que les aplombs vont se redresser est illusoire. En effet, le vétérinaire explique que le mulet souffre d’une très sévère luxation des boulets antérieurs, son boulet gauche est luxé à 102 degrés. Malheureusement, les radios montrent des déformations extrêmes : les jambes de l’animal ne sont plus du tout dans l’axe et les articulations sont calcifiées à cause de l’arthrose.
Pierre Van Boxstael, vétérinaire d’Animaux en Péril et grand spécialiste des chevaux, explique : « C’est la première fois que je suis confronté à un cas aussi grave. L’origine de tout cela est évidemment liée à un non-entretien des sabots et à l’absence totale de soins probablement cumulés à un traumatisme accidentel qui a accentué les multiples problèmes ».
Il paraît alors peu envisageable d’apporter une correction chirurgicale aux jambes du mulet, mais les radios ont d’ores et déjà été envoyées à deux cliniques vétérinaires spécialisées dans les équidés afin d’obtenir d’autres avis.
Depuis l’affaire Poly, qui avait défrayé la chronique jusque dans les médias internationaux, Animaux en Péril n’avait plus connu d’intervention pour un animal dans un tel état. Deux similarités avec l’affaire du petit poney conduisent à la comparer avec l’intervention du jour : l’état de l’animal n’a jamais été signalé avant une dizaine d’années, car la prairie était cachée de la voie publique et c’est un membre de la famille qui a fini par alerter les autorités.
Aujourd’hui, celui que l’association a baptisé Inox, passera sa première nuit depuis fort longtemps dans de bonnes conditions de confort, et ce après avoir été entouré durant les premières heures de son séjour au refuge par une équipe bienveillante et empathique.
Même s’il faudra probablement être très optimistes pour imaginer une issue favorable, l’équipe d’Animaux en Péril développera son maximum afin que dans les jours qui viennent, Inox comprenne que tous les humains ne sont pas mauvais.
Quelle que soit l’issue, Animaux en Péril espère aussi n’avoir pas à devoir revivre le mépris scandaleux de la justice dans l’affaire Poly qui n’avait pas estimé juste de condamner le propriétaire et que cette fois, la plainte sera traitée avec tout le sérieux qu’elle mérite. L’ASBL attend que l’affaire bénéficie de l’attention du Parquet de Tournai pour que le propriétaire d’Inox ait des comptes à rendre devant le tribunal correctionnel.
Animaux en Péril remercie l’ensemble de l’équipe de l’Unité du Bien-Être Animal de la Région Wallonne pour sa décision de saisir le mulet et pour son aide lors de l’intervention. Nous saluons également les membres de la police locale présents sur place pour assurer une intervention en toute sécurité.