Tournai : Une ponette en grande souffrance saisie pour maltraitance

L’association Animaux en Péril a été alertée suite à une plainte particulièrement préoccupante concernant un poney Shetland en détresse, repéré sur une prairie de la commune de Tournai. Les éléments décrits ont immédiatement été transmis à l’Unité du Bien-être animal de la Région wallonne, qui a ordonné sans délai la saisie de l’animal, face à l’urgence de la situation.

Sur place, les constats sont accablants : la ponette n’avait pas accès à de l’eau, élément vital, encore plus en cette période de fortes chaleurs. La nourriture, elle aussi, se faisait cruellement rare. Mais le plus alarmant réside dans son état de santé locomoteur : incapable de marcher normalement, la ponette se déplaçait uniquement par petits rebonds, dans un périmètre de quelques centimètres autour d’elle.

Ses sabots, notamment à l’avant, sont d’une longueur extrême. Elle ne marche plus sur ses pieds, mais directement sur l’os de son antérieur droit : son sabot s’est complètement retourné. L’équipe d’Animaux en Péril a dû littéralement la porter pour la transférer en toute sécurité jusque dans le véhicule d’intervention, direction le refuge de Meslin l’Évêque.

La ponette, renommée Gina par l’association, a été auscultée immédiatement par le vétérinaire équin du refuge. Le diagnostic est sombre : Gina, âgée de 18 ans, souffre d’une ancienne fourbure non traitée, une inflammation du pied extrêmement douloureuse. Faute de soins, elle a adopté une posture anormale pour soulager sa douleur, ce qui a entraîné des déformations corporelles sévères.

Son antérieur droit est particulièrement atteint : les tendons sont complètement rétractés, l’empêchant d’utiliser correctement son membre. Le développement anormal de ses sabots est une conséquence directe de l’absence prolongée de soins.

De plus, Gina est fortement amaigrie, sa crinière très longue laisse penser qu’elle n’a pas reçu de visite ou d’entretien depuis des mois, voire des années. Elle n’est pas identifiée, en infraction avec la législation en vigueur depuis 2008, ce qui confirme le manque de suivi total de la part de son propriétaire.

Gina a été installée dans un box de soins adapté, avec un sol capitonné en caoutchouc pour l’aider à se soulager. Elle est placée sous anti-inflammatoires et reçoit des soins intensifs prodigués par l’équipe professionnelle d’Animaux en Péril.

Son pronostic vital est réservé. L’association a transmis son dossier médical, radios et analyses vétérinaires à plusieurs cliniques vétérinaires spécialisées en chirurgie équine et attend leurs avis pour déterminer si une opération est envisageable, et surtout, si Gina pourra retrouver un certain confort de vie.

« Ce que nous avons découvert dépasse l’entendement. Gina ne marchait plus, elle survivait en silence, sur un terrain sans eau, avec un pied retourné et des douleurs insoutenables. C’est une image insupportable de ce que peut être la maltraitance par négligence », s’insurge Jean-Marc Montegnies, président d’Animaux en Péril.

En ce qui concerne la destination finale de la ponette, la décision revient au ministre Adrien Dolimont qui a deux mois pour confirmer, au vu de la gravité des faits, que l’animal sera confié définitivement à Animaux en Péril.

L’Unité du Bien-être animal a dressé un procès-verbal pour infraction au Code Wallon du Bien-être animal. Le propriétaire pourra être poursuivi au pénal ou administrativement. Si le Parquet décide de prendre la main dans cette affaire, il pourra renvoyer le propriétaire devant le tribunal correctionnel. Celui-ci risque de 8 jours à 3 ans de prison et/ou une amende pouvant s’élever à 1 million d’euros. Si le Parquet ne poursuit pas, la main reviendra alors au fonctionnaire sanctionnateur qui pourra infliger une amende pouvant aller jusqu’à 100.000 euros, mais également un retrait de permis de détention d’animaux.